Il y a de la farine sur le sofa

Ma fille est étonnante à bien des égards. Je le dis souvent, mais je vois davantage en elle une adolescente qu’une enfant. Elle est d’ailleurs fascinée par cette phase de la vie. Jusqu’à il n’y a pas si longtemps encore, elle me questionnait continuellement sur l’âge des jeunes personnes qui croisaient notre route où qui se trouvaient sur nos écrans. Est-ce que la grande fille est une ado? Le nombre de fois où j’ai entendu cette question frôle le surnaturel. Maintenant qu’elle les repère et les classe aisément elle-même dans les cases « ado » ou « jeune adulte », cette question est devenue désuète chez nous.

Toujours est-il qu’aussi mature qu’elle puisse être à ses heures, elle n’a que six petites années au compteur et a encore tellement à apprendre. Ces temps-ci, c’est à lire et à écrire qu’elle consacre ses efforts et les nôtres puisque c’est en tandem que l’on procède, sa nouvelle question de l’heure étant: on fait mes devoirs? La joie que j’éprouve à ce que ça vienne d’elle est grande croyez-moi. 

Bien qu’elle soit motivée, c’est tout de même tout un exercice pour elle de s’attabler à nos côtés après une journée d’école tandis que son frère cadet déambule au gré de ses envies. Entre la fatigue et la bougeotte, il faut souvent se montrer patients à son endroit et avoir recours à la créativité pour détendre l’atmosphère ou l’aider dans ses apprentissages. 

Mais c’est tellement gratifiant, pour elle comme pour nous. La preuve en est que cette semaine, lorsqu’elle a lu toute seule la phrase Il y a de la farine sur le sofa et qu’une fierté monstre s’est logée dans ses yeux verts, les miens sont devenus humides illico. Et le nombre de fois où je ne peux me contenir de la bécoter à outrance tandis qu’elle est penchée sur ses cahiers témoigne dans le même sens.