Il n’y a pas si longtemps, mon amoureux et moi sommes allés à Neuville, un soir de semaine, avec les enfants. Nous avions enfin trouvé un poulailler à la hauteur de nos attentes et jugions qu’il valait le détour malgré la ritournelle classique vaisselle-bain-dodo; nos recherches étant orientées autour d’un produit de seconde main, les options n’abondaient pas et mieux valait saisir cette chance. Comme nous n’avons jamais eu de poules ici et que nous ne savons pas trop si notre projet s’apparente davantage à une tocade qu’à un engouement réel, nous n’avions pas du tout envie d’investir dans un poulailler neuf. De toute façon, le neuf aujourd’hui…
Ce soir-là, nous avons rencontré un père de famille lasse de s’occuper d’un duo de poules délaissées par des enfants qui, ne les trouvant plus aussi amusantes que l’été précédent, boudaient ses rousses pondeuses. Après que l’homme en question se soit malencontreusement balancé le panneau supérieur du poulailler sur la tempe et que nous ayons officialisé la transaction, nous sommes partis nous balader, à sa suggestion, sur la grève du fleuve où nous avons passé un délicieux moment. Je me rappelle avoir fait le constat que c’était là le genre de souvenirs qui avaient marqué ma jeunesse. Une soirée inattendue, tout en découvertes. Je me transposais dans mes enfants qui avaient ou bien les pieds dans l’eau ou bien les poches pleines de coquillages et je me disais qu’ils s’en rappelleraient probablement longtemps.
Pour moi, c’est au retour que le temps s’est figé et que j’ai su que j’emporterais un nouvel extrait de mon histoire où que j’aille. Nous étions tous décontractés et admiratifs devant le ciel rose, en proie à une certaine excitation (on adore monter le volume et danser comme des fous en voiture), lorsque l’on a franchi une bute qui nous a tous valu une nette surprise et une sensation de haut le coeur. Ma fille qui buvait de l’eau à ce moment précis a failli tout renverser. Comme nous, elle a éclaté d’un rire franc, et le rire de ma fille, quand il est soutenu, est la chose que j’aime le plus au monde.
Paloma et Oda Mae, telles seront baptisées nos poules.
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