Sous mon toit

Ou quand les bébés sont devenus grands

TAN_3160

Je pensais échapper au deuil d’une troisième grossesse. Dans le contexte où je souhaite sincèrement m’en tenir à deux enfants et que ce choix est pleinement assumé par mon amoureux, je ne comprends pas qu’il me soit si difficile de tourner la page sur une potentielle grossesse, non désirée de surcroît. Non seulement Ambre et Philibert me comblent déjà de bonheur, mais je ne crois plus avoir ce qu’il faut de patience et d’énergie pour revivre une grossesse et tout ce qui s’ensuit et, comme j’avance en âge, ça ne tendra pas à s’améliorer.

Mais il n’en demeure pas moins que les larmes me montent aux yeux à la seconde où je les pose sur une bedaine déjà bien entamée ou sur un bébé qui gazouille. C’est comme si ma mémoire avait occulté tout ce que j’ai vécu. Comme si je n’avais pas plus porté que mis au monde mes propres enfants. J’ai l’impression que la vie m’a ravi quelque chose d’infiniment précieux d’ailleurs. Pourquoi ne suis-je pas capable de me remémorer fidèlement une séance d’allaitement nocturne avec l’un de mes si jolis bébés, avide de lait et d’amour maternel? Je m’en rappelle, mais à travers le filtre du temps et c’est fou ce qu’il se fait gourmand. Il prend tellement de détails, d’impressions et de bribes de mon histoire.

Pourtant il me semble que j’aurais difficilement pu être plus sensible au tableau qui s’est présenté à moi de mille et une façons, à deux reprises, depuis la naissance de mes enfants. Tellement de fois je les ai observés dans le silence et la contemplation, en chérissant absolument tout ce qu’ils étaient et ce qu’ils sont maintenant dans une version nettement plus énergique et sonore qu’alors. Triste de penser que ce que je vis aujourd’hui, avec présence et reconnaissance, s’en ira aux oubliettes avec le reste, même si je mets toute l’ardeur du monde à lutter contre ça.

Alors vivement les photos et vidéos qui, ces jours-ci, comblent les trous laissés par ma mémoire. Je me félicite tellement d’avoir ce réflexe de figer dans le temps de petits fragments de nos vies, même anodins.

Crédit photo: Tania Lemieux

Vous pourriez aimer

Aucun commentaire

Commenter