Sous mon toit

Partie remise

Clement

Je ne me suis pas permise de te faire un câlin traduisant toute l’affection que j’avais pour toi la dernière fois où l’on s’est vu. Pourtant je me doutais qu’il était probable que je n’ai plus la chance de t’en faire un quelconque autre par la suite. Mais je n’ai pas osé. Par pudeur, parce que je me disais que des adieux ne se font pas comme ça, sur le pas de la porte après avoir joué au Charlemagne, surtout, parce que je ne pouvais le faire d’aucune manière qui ne t’aurait pas rappelée l’inéluctable suite. Je m’en suis remise à tort à un demain qui ne s’est jamais avéré.

Ma mère m’a dit que cette lettre t’avait fait du bien, je l’espère.

Clément,

Je me rappelle la première fois où l’on s’est vu. Ma mère et toi veniez nous rejoindre à la Ferme Cassis et Mélisse. Tu t’occupais du souper et nous de vous y accueillir. Vous sortiez de chez le médecin où vous aviez eu de bien tristes nouvelles. 

À votre arrivée à la chèvrerie, tu as déposé ma mère à la porte avant d’aller garer la voiture. Elle t’a donc précédé d’une minute. Une minute où elle s’est permise de s’effondrer dans un gros sanglot en me disant qu’il était impossible que la vie te mette sur sa route pour te reprendre aussitôt. 60 secondes plus tard, avec un grand sourire, elle t’accueillait avec chaleur comme si de rien n’était, forte. Moi, elle m’avait laissé sans voix dans la cuisine, avec une boule dans la gorge et des larmes plein les yeux. Je les ai séchées très rapidement pour aller te serrer la main. En espérant qu’ils ne traduiraient pas ma peine, j’ai croisé les tiens. Je me rappelle précisément de cet instant. Il m’a semblé durer longtemps. Je comprends pourquoi ma mère garde un souvenir très précis du moment où vos regards se sont croisés pour la toute première fois (comme elle te l’a dit lorsque vous avez échangé vos voeux de mariage).

Ce soir-là et bien des fois par la suite, j’ai souhaité ardemment que tu vives. Pour toi d’abord et pour ma mère. Ça me faisait plaisir de savoir que tu avais le pouvoir de faire en sorte qu’elle ait l’air d’une adolescente comme cette fois où, voyant que tu arrivais, elle avait raccroché le téléphone en poussant un petit cri d’excitation. Elle m’a dit que tu lui avais fait connaître l’amour. Merci pour ça.

Avant de conclure, je te souhaite de trouver la paix, ici ou là-bas, et de ne pas juger ton passage ici trop sévèrement. Je me trompe peut-être, mais je crois que nous avons ce point en commun d’être des personnes très exigeantes envers nous-mêmes…

Bon courage pour la suite. J’espère que les prochains jours seront chargés de moments significatifs. Ici, on pense à toi, à vous. On veillera sur ma mère par la suite, ne t’inquiète pas.

Ton passage aura été bref dans nos vies, mais il aura laissé sa marque.

Affectueusement, Martine

xx

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2 Commentaires

  • Répondre
    Jeannine
    10 novembre 2017 à 19 h 51 min

    Wow quel beau souvenir de ce moment avec vous, il me manque énormément c’est tellement difficile pour moi. J’essais de me dire qu’il ne souffre plus, mais mon cœur a mal. Je voudrais qu’il soit là avec moi, il m’arrive de me demander pourquoi Dieu me l’a enlevé… il y a à la fois un mélange de colère et de peine. Je voudrais croire que la vie est belle mais en ce moment je n’y crois pas. J’ai demandé à mon bel amour de mari de m’aider dans cette épreuve très difficile. Je crois qu’il est avec moi, près de moi et surtout dans mon cœur. Clement je t’aime mon bel 💕 amour tu as su voir en moi des qualités et une grandeur d’âme que j’ignorais, merci d’avoir passé dans ma vie avec toi j’ai découvert l’amour le vrai. Je ne t’oublirai Jamais et un jour tu seras là quand j’irai te rejoindre.

    • Répondre
      Martine
      10 novembre 2017 à 20 h 36 min

      Bon courage ma belle maman. Clément veille sur toi avec son beau regard bienveillant.♡♡♡

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