Ma grand-mère est l’une des personnes dont j’anticipe le plus le décès. Bien que je l’ai toujours aimé, je n’ai pas toujours craint qu’elle ne nous quitte et mon coeur ne s’est pas toujours serré à cette éventualité. Enfant, je l’appréciais comme on aime une grand-maman que l’on visite régulièrement et que l’on voit sans trop voir parce qu’une visite dominicale s’impose plus par routine que par choix, surtout à un âge où l’on se glisse dans la voiture sans même savoir on l’on va.
Mon amour pour elle a muri avec le temps, notamment parce que je la trouve belle et admirable dans la façon qu’elle a de vieillir, présente de coeur et de tête, généreuse de son écoute. Bien que je ne la vois pas régulièrement, elle me semble toujours reprendre la conversation là où nous l’avions laissée, interrompues que nous sommes souvent par l’un de mes enfants revendiquant un petit quelque chose, et ce, jusqu’à ce qu’une cascade d’événements nous conduisent à la traditionnelle bise d’au revoir sans que nous ayons eu la chance de faire le tour de la question. Alors, ça me rassure de savoir qu’elle saura reprendre là où nous en étions, ou dans les mêmes eaux, des semaines plus tard.
J’adore également le fait qu’elle ne soit en rien dépassée et qu’elle me raconte des tranches de vie qui me font comprendre que, deux générations plus tard, la vie est sensiblement la même. Surtout, j’apprécie l’affection qu’elle porte à mes enfants et l’accueil qu’elle leur réserve dès qu’elle les aperçois ou qu’elle les devine à leurs voix enfantines sur le pas de la porte (avant qu’elle ne les gave de sucreries sous prétexte qu’ils les aiment bien).
Parfois, je crois qu’elle a un attachement particulier pour moi. Peut-être est-ce en raison de l’éclat que je perçois dans son oeil ou à la manière dont elle me serre fermement le bras, avec un petit empressement, lorsque je suis sur mon départ. Je ne saurais le dire et surtout affirmer que ce ne soit le cas, mais ça me fait franchement plaisir de le croire.
Aucun commentaire