J’ai dans mon bagage beaucoup plus d’angoisse que « la moyenne des ours » en a. Je n’entrerais pas dans le détail sur le comment du pourquoi, mais je vous dirai que je ne peux mesurer l’incidence que ça a eue dans ma vie tellement ça en a eue. Il m’est souvent arrivé d’avoir l’impression que la peur avait pris tout ce que j’étais et tout ce que je comptais devenir, ne me laissant que des miettes de rien et des mains tremblantes pour essuyer mes larmes.
Aujourd’hui, j’ai la chance de mener une vie normale. Mais les grands angoissés de ce monde savent comme moi que la rechute est possible (et trop souvent perçue comme probable). Bien que je ne retrouverai possiblement jamais mon allégresse et ma foi inconditionnelle en mes moyens, je mesure à quel point je suis chanceuse d’être là. On ne traverse pas le désert sans le faire au péril de sa vie. D’ailleurs, je ne sais pas tout à fait ce qui explique ma présence ici. Je tends à croire que c’est une vieille promesse dûment respectée, mais c’est probablement sinon plus une peur de la mort, la mort provoquée, j’entends. Parce que la mort en tant que telle ne m’a jamais fait peur. La seule chose qui m’effraie de la mort c’est le pouvoir qu’elle a de me priver de la vie. Mais vivre à ce moment-là, je n’y tenais pas, je n’y tenais pas du tout en fait. Je souhaitais mourir, sans être suicidaire.
Je ne sais pas si je verrai réellement la lumière au bout du tunnel un jour; si le doute, l’anticipation, l’inconfort et la peur me quitteront « définitivement », mais une chose demeure vraie pour moi et c’est la suivante: la vie sait ce qu’elle fait et, quoi que nous en pensions, elle sert nos intérêts. Je tâcherai de m’en rappeler si le ciel se couvre à nouveau de nuages. Entretemps, j’essaie sincèrement d’apprécier la vie et les chances inestimables et inespérées qu’elle me donne. Donc n’allez pas croire que je suis à plaindre, ce n’est franchement pas le cas.
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